Editions Terre d’Images (France)

Permettre au débutant de combiner rapidement efficacité photographique
et respect des hôtes de la forêt, tel est le double but poursuivi par ce guide
pratique, richement illustré.144 pages, 110 photographies couleur, format 22×14 cm, 26 eur

Il y a quelques mois, lorsque l’on m’a contacté pour rédiger et illustrer un guide sur la photographie en forêt, des sentiments divers m’ont envahi. C’était bien sûr une grande marque de confiance et de reconnaissance par rapport aux travaux produits jusque là. C’était aussi une confirmation de l’intérêt croissant que le public porte à cette discipline et à cet écosystème. C’était surtout un sérieux défi, car une question éthique s’imposait d’emblée : le garde forestier que je suis, oeuvrant au quotidien pour préserver la quiétude des animaux sauvages, pouvait-il réaliser un tel livre sans risquer d’attirer encore plus de monde dans cette sylve si fragile, soumise à une pression humaine grandissante au point d’en devenir localement problématique ? Un retour vingt ans en arrière m’a fourni des éléments de réponse déterminants. En ces temps déjà lointains, je revenais de mon Afrique natale après y avoir passé une enfance merveilleuse, empreinte d’une liberté presque infinie et contrastant terriblement avec la situation vécue en Europe occidentale. A la recherche du contact avec Dame Nature qui me manquait tellement depuis mon « déracinement », de fréquentes et attentives ballades dans les campagnes avoisinantes eurent tôt fait de révéler la présence de quelques chevreuils, aux portes de la ville. Aussi étonné que ravi de cet état de fait, l’idée d’en ramener des images, en guise de témoignage, germa rapidement dans mon esprit d’adolescent. Très vite cependant, un problème majeur allait faire obstacle à ce projet : si je m’intéressais beaucoup à la forêt et à ses habitants depuis longtemps, je ne connaissais par contre absolument rien à la photographie. Je n’avais pas de livre sur le sujet, ne côtoyais personne qui pratiquait cette discipline, tandis que bien sûr, le révolutionnaire Internet n’existait pas. Je n’avais finalement pour tout bagage que quelques livres d’images pour entretenir mes chimères, un vélo pour me déplacer, le vieux Yashica équipé d’un 135 mm de mon père, une vieille paire de jumelles et beaucoup d’illusions… Au fil des premières années, totalement autodidacte, j’ai littéralement réinventé l’approche, l’affût, les sentiers de pirsch… Ce n’est que quelques années plus tard, en feuilletant un livre consacré à la chasse, que le gamin que j’étais a découvert qu’il n’avait rien à breveter, que toutes ces pratiques existaient depuis bien longtemps et portaient même un nom ! Dépit…Déception d’autant plus grande que déjà trois printemps s’étaient écoulés ; douze saisons à commettre erreur sur erreur, à apprendre exclusivement par expérience, à réaliser des images pour la plupart bonnes à jeter et surtout, à pécher par ignorance. Car Dieu sait si un photographe amateur de grande faune peut être nuisible aux hôtes de la forêt quand il ne fait que suivre son instinct, quand il n’est pas quelque peu guidé à ses débuts ! Que n’aurais-je évité comme dérangements et échecs divers si j’avais eu à cette période, ne fut-ce qu’un tout petit livre, aussi modeste soit-il, traitant de la photographie des animaux que je cherchais à immortaliser sur pellicule ! Et une autre évidence de s’imposer aussitôt : celui qui a contracté une variante aussi virulente du virus de la photographie en forêt ira à celle-ci, tôt ou tard et d’une manière ou d’une autre. Il n’en faut pas plus pour répondre à la question éthique évoquée et définir l’ambition du présent ouvrage : tenter d’offrir aux débutants un maximum de chances de combiner efficacité photographique et respect des hôtes et usagers de la forêt. Car si ces vingt années de passion pour la photographie forestière finissent par générer une certaine expérience en matière photographique, douze d’entre elles, consacrées au métier de garde forestier, apportent inévitablement un éclairage tout particulier sur les relations qui peuvent exister entre la forêt et ses différents utilisateurs parmi lesquels les chasseurs d’images. Gageons que cette double vision aidera le lecteur à engranger rapidement de bons résultats photographiques, tout en le sensibilisant à la nouvelle éthique de l’accès à la forêt, l’associant par la même occasion à une démarche d’utilisation durable et respectueuse de la sylve, support d’activités humaines toujours plus nombreuses et variées et pourtant dernier bastion d’une certaine quiétude dans bien des régions d’Europe occidentale.

Présentation ici (« Photographier la forêt » – Revue Image et Nature – 2008)

Où se procurer le livre ? Dédicacé, chez l’auteur (rubrique « contact ») – Non dédicacé, en Belgique ICI et en France ICI